extrait d'un texte pour danse


Toi tu as les yeux beaux / Tu as les beaux yeux que je préfère pas regarder / Sans quoi je fonds / Et alors il n’y a plus qu’à éponger ma flaque / Je ne préfère pas / Reste solide ma fille / Qu’il puisse t’attraper / Te toucher / Regarde / Tu es sèche comme un ruisseau d’été / Rien qui puisse faire flaque / Il faut se battre pour un seul mot / Et chaque mot est une pierre qui explose / Le sens de chaque mot m’échappe / Je prends une paillette de feue pierre / Je l’observe / Elle est minuscule / Pourtant, je sens que sa profondeur est infinie / Un peu comme l’univers / Elle a la puissance d’un soleil / Je l’avale / La paillette de pierre me rend minérale / Et vient briller dans la mangeoire aux bestiaux / C’est exactement comme l’herbe / Non, pas comme l’herbe mais le vent qui passe sur l’herbe / Chaque brin frétille / C’est effarant des milliers de brins d’herbe qui frétillent dans la lumière / Et selon leur inclinaison provoquent des milliers d’éclairs, comme autant de paillettes détachées à chaque brin d’herbe.