mise en son de pom bouvier b
la poésie
la poésie
devenir soi
se contenir
et renoncer
la poésie
d’abord
la peau
soyeuse
devenir soi
être
un être noir
qui se dresse avec ses poils
surtout je ne fais rien
il y a les heures
je ne bouge pas
j’attends
je laisse le ciel venir à moi
sur la peau
le ciel vient
ou la langue du chien
je vois les yeux du chien
très
vraiment très
chauds et marrons et brillants et
tout à fait humains
la langue
la montagne vient
elle est bleue
comme toujours
la poésie
la montagne vient
bleue
et les mélèzes
la hauteur
la lumière et l’ombre
ensemble
mêlées par les mélèzes
scandées
bouleversées
fondues
le chaos
et maintenant
immanquablement
la mer vient
scintillante
la mer
vraiment
vraiment très bleue
vraiment très belle
on ne peut pas le dire
alors la poésie
je ne peux pas le dire comme la mer vient
elle m’engloutit
elle vient dans mon ventre
et je pleure de joie
je scintille vraiment
grâce aux larmes
les larmes
voilà la poésie
les larmes me débordent
et la poésie vient
immanquablement et fidèle
la poésie vient
la montagne vient
et le ciel
on ne peut pas ne pas voir la montagne et
la mer
parce qu’on ne peut pas ne pas être
éblouis
on ferme les yeux
et si
si jamais on ferme les yeux
alors
on sent les sillons du soleil
le soleil vient
au dedans
le soleil du dedans
le monde du dedans
et les yeux du dedans
au dedans la montagne
la mer
le chien et le loup
les biches
au dedans le vert tendre
des bourgeons
au dedans la fraîcheur
de la mousse
des ours
un frisson
simple froissement végétal
le monde du dedans
la poésie du dedans
au dedans l’attente immobile et craintive
biche
la biche au dedans
cesse de brouter
aux aguets
comme la poésie
la lumière est rasante
les herbes poudrées
la peau
et les yeux des mains viennent
brûlants
heureusement
les paupières
comme neige
comme mer
recouvrent les cailloux
éboulements
les cailloux du dedans
des milliers de pupilles
et d'aboiements
silence
concert et scintillement
les archers du printemps
au dedans le velours
et la poésie
un instant être soi