mes agneaux



n’oubliez pas les silences mes agneaux
vous êtes si doux mes agneaux
et vos yeux
vos yeux sont si doux mes agneaux
mais au-delà de la douceur 
il y a vos clochettes dans l’ascension
votre inconscience du loup
pourtant il tremble en se léchant les babines
mais vous mes agneaux folâtrez
prenez chacun votre tour la tête
en un cortège écervelé
où est le petit berger
le chien
qui vous contiendra
vous protègera
vous êtes de doux innocents mes agneaux
pareils aux vaches qui bougent la queue
et jettent des regards pensifs
oh mes agneaux
vous ne doutez de rien
vous paissez tranquillement
uniquement occupés de vous-mêmes
la laine est-elle épaisse
je vais passer ma main
je vais glisser mes doigts
avant que l’inquiétude gagne
que vous la sentiez dans les pattes
les sabots devenus d’un coup trop bruyants
vous sentez le danger
sans savoir d’où il vient
aveugles au mal
trop isolés
et pourtant tant pareils
mais parfois mes agneaux
sentir le danger suffit
on se reprend
on respire
on n’oublie pas les silences
n’oubliez pas les silences mes agneaux
écoutez-moi
ne vous dispersez pas
ne croyez pas que là-haut l’herbe est plus verte
balivernes
n’écoutez pas les faiseurs de mensonges
chantez plutôt votre chanson
bêlez à n’en plus finir
faites péter nos petites cervelles de moineaux
qu’on en revienne aux cieux
aux aurores