creeley - khayyam : deux temps, deux espaces dans ma nuit




CREELEY
Là, anthologie de textes publiés entre 1968 et 1975


Comme le fait de
voir quelqu'un que tu aimes s'éloigner
de toi avec le temps va
disparaître avec le temps, aussi.

.

Ici est tout ce qu'il y a
mais insiste
de l'autre côté.

.

Guéris ça, sois
patient avec
ça - pas un bruit.

.

De l'autre côté de
la table,
des années.



KHAYYAM
Quatrains




Étreins bien ton amour, bois son regard si beau,
Et sa voix, et ses chants, avant que le tombeau
Te garde, pauvre amant, poussière en la poussière,
Sans chansons, sans chanteuse amie, et sans lumière.

Puisque ce monde est triste et que ton âme pure,
O mon amie, un jour, doit aller chez les morts,
Oh ! viens t’asseoir parmi les fleurs sur la verdure,
Avant que d’autres fleurs s’élèvent de nos corps.
Que vos pas soient légers à ces mousses fleuries,
Près de ces flots riants comme des pierreries,
Car on ne peut savoir de quelles lèvres douces
Et mortes, ont jailli ces fleurs parmi ces mousses.
L’homme est une poupée en la main d’un géant
Nous sommes des jouets sur le damier des êtres,
Et le quittons bientôt pour rentrer au néant,
Dans la botte et dans l’ombre où les vers sont nos maîtres.






et puis, moi, dans la nuit

Chaque jour,
je me défais d'un
jour. 

Chaque nuit, d'une
nuit.