absolument maintenant

Fenêtre ouverte, non pas qu'il fasse chaud. Doux plutôt, il fait doux. Mais travailler la fenêtre ouverte, c'est pour cette année, irrésistiblement, la première fois. Cela gonfle un peu le cœur. Comme crier de joie. Je vois l'évolution de la végétation, qui envahit la cour abandonnée. On dit de mauvaises herbes mais entre les pierres, c'est si joli, la force du vivant. Du soleil et de la pluie en partage. Des creux, des fissures. Des racines qui crevasseront un peu plus le mur. Les bourgeons au figuier et les figues concentrées, minuscules. Et les oiseaux. Un paradis juste pour eux. Personne n'a la clé, ne visite la cour. De branche en branche, ils papillonnent et secouent leurs plumes. Piaillent à peine. On peut distinguer le froissement de leurs ailes, quand ils les déploient. Mais d'ici, c'est un peu mon paradis, aussi, alors que tout autour, la ville crie. Ici c'est le silence percé par ces brefs froissements d'ailes. Une voix parfois, de l'autre côté du mur. C'est le calme tranquille d'un dimanche de printemps. On ne peut rien ajouter à cela. C'est tout à fait plein. D'autant plus que mon frère est là. Je le sais quelque part, dans le bruit de la ville. Mon frère est là, c'est un secret qu'il faut ébruiter car il est beau ce secret là. Il ne peut qu'échapper. Comme le reste.